Ce visionnage, quelle affaire !
"Alors, allez-vous regarder les vidéos ?
Pourquoi ? Qu’en attendez-vous ?
Fallait-il les montrer ?
Pensez-vous que ce sera difficile ?
Revenez nous parler après, surtout !"
J’irai surtout parler d’abord
aux lecteurs de ma chronique.
Et sachez que ce visionnage
je n’y ai pas songé
si apaisé encore
par l’audience d’hier.
« Ah bon ? Hier ?
Rappelez-m’en le sujet,
je n’ai pas le planning sous les yeux."
Presse de France,
comme on dit dans le Sud,
hé va te jeter, va.
L’audience d’hier ?
quatre années d’attente
de travail
de fouinage
de la part de certaine guerrière
plus ou moins bien
accompagnée.
Des semaines de préparation
Centaines d’avocats (Ghost ghosters !)
qui disent non.
Enfin, une !
Toute de trempe et de tripes,
qui déroule
dans le bon ordre
absolument tout
sous forme de questions
au Directeur
de l'Institut médicolégal.
Le petit homme
bien peigné
retraité
quatre heures pourfendu
de lames de flèches d’épées
ne perd pas une goutte de sang
ses plaies se rebouchent
au fur et à mesure.
"C'est une grosse machine, vous voyez ?"
Oui professeur, nous voyons,
c'est un concept
que nous comprenons bien.
Croyez-vous qu'après
quarante ans de carrière
irréprochable
au soir de sa vie
l'on puisse tout à coup
s'apercevoir
qu'on ne fut
qu'un barbare
lâche assermenté
"j'ai obéi aux ordres"
dans une cour d'Assises
où l'on connut
ses plus belles heures
de gloire ?
That's not going to happen.
"Toute sa vie,
me dit la Guerrière,
il arracha des cœurs.
Besoin éperdu
de s’en trouver un."
Ami, si un jour,
un que tu aimes
décède dans un contexte
"autopsique",
fais bien l'inventaire
ce qu’on te restitue.
J'ai bien peur
qu'ils ne fassent ça
tout le temps
depuis longtemps
et pour longtemps.
Qu'importe qu'il n'ait répondu.
Hier jour de joie
Reconnaissance
Gratitude
Rendre grâce
Cœur allégé.
Merci Maître.
Tout, enfin, déposé
dans des mots
devant la Cour
le Parquet
les parties civiles
et huit virgule cinq
journalistes.
Ces bancs de presse
hier vides
aujourd’hui ploient.
touchent le sol en leur milieu
un ou deux sûrement craqueront
quand le camion va passer.
Les images ! Les images !
Et si c’était celle-ci,
la plus dure image du jour ?
Recul
Ce n'est point la presse
qui est à blâmer
mais la demande populaire
devant laquelle la presse
ne fait que son devoir
en donnant satisfaction.
Cette soif de sang
que Badinter un jour
nous priva d'étancher
comment la compensons-nous ?
Normal. Humain.
Nous aimons tous
regarder
les yeux protégés
par une main
aux doigts entrouverts
des agressions
des accidents par la vitre
des meurtres.
À seule fin bien sûr
de mieux les détester.
Attention toutefois
à n'en point devenir addict
comme Momo Lahoua' Boul'.
À présent, visionnage.
Le paragaphe qui suit
sera écrit après.
Voilà,
j'ai vu les images.
J'ai compris pourquoi je voulais.
La Señorita l'a vécu
Je pouvais bien le voir
et y laisser un morceau de moi
pas bien gros
mais quand même.
admiration pour ce que vous arrivez à faire...
un père, un frère, un maître