Thierry Vimal
PATATECHAUDITUDE
Pour ceux qui m'attendent
devant mon stand
de tel Festival du Livre
de telle ville azuréenne :
j'aurai du retard.
Une chance, déjà :
j'y arrive sans protection policière
L'organisation m'avait mis le doute,
rappelez-vous : "Nos étoiles contraires".
À présent,
l'on m'a oublié
à l'aéroport.
J'arrive de Paris
spécialement
sans même passer voir ma fille
retour demain
pour grosse audience de lundi.
L'aéroport de Nice
où je suis donc en rade
sur un banc
où j'attendis
en août 2016
plusieurs heures
avec ma fille la petite
je ne sais plus quel voyageur.
Clin d'œil des cieux
qui me narguent.
Bien sûr,
je téléphonai à l'organisation
qui m'assura
qu'un chauffeur venait
à ma rencontre.
Pour assurer
on me promit
de transmettre l'information
à la responsable Déplacements.
Quarante minutes plus tard,
ne voyant que le ciel grisailler,
j'appelai directement cette dame
qui n'avait pas eu vent
de mes malheurs.
Elle m'envoie un chauffeur :
il sera là dans quarante minutes.
En tram,
je suis tout près de ma fille.
Mais le devoir du chroniqueur,
mais l'orgueil de l'auteur.
Pourquoi tel type d'anecdote
auquel tout le monde fait face,
souvent,
aurait sa place
dans une chronique
dédiée aux victimes
d'un acte terroriste ?
Par dérive narcissique ?
Non.
Parce que j'ai lu Freud.
Je sais le déni,
je sais l'inconscient
je sais leur existence
au plan collectif.
Et toutes les victimes
lectrices de cette chronique
comprendront immédiatement
le concept de
patatechauditude.