Avant-hier
en duplex Paris Nice
quelque chose fut réparé.
Il faut qu’elle voie le corps de sa grande sœur.
Non.
Si.
Non.
On lui a promis.
Non.
Elle veut lui dire au revoir.
Pas question.
Elle nous le reprochera toute sa vie.
Si elle le voit, aussi.
Non.
Et elle sera traumatisée.
Le problème ?
le visage de grande sœur
n’est plus celui d’un ange
ni même celui de grande sœur :
les burins à crâne
et sécateurs de la médecine légale
ont joué leur requiem.
Elle sera traumatisée de toute façon.
Moins.
Plus.
Non.
Si.
Le choix de la mère,
bien sûr,
est retenu.
C’est le bon.
L’autre aussi était bon.
Les deux sont mauvais.
Surtout pour petite sœur.
À présent,
lui annoncer
assis tous trois
sur le lit de grande sœur.
Tu ne pourras pas lui dire au revoir.
Pourquoi ?
Parce que, euh…
"Il était une fois quatre hommes qui
– chut !"
Mais moi je veux lui dire au revoir.
Non.
Si.
Ca nous fait beaucoup de peine,
mais c’est impossible.
Mais tu avais promis.
Oui.
Alors je veux lui dire au revoir.
Non.
Petite sœur est colère
très fort.
Elle crie sur ses parents
donne des coups de pied
dans les meubles.
Et comme passent les semaines
les mois
souvent
colère ressort.
Après quelques années,
toutefois,
colère s'est cachée.
Sourde et silencieuse,
elle est toujours là
et ce n’est pas bon.
Il faut qu’elle vienne à ton témoignage.
Non.
Si.
Non, c’est trop dur.
Si, c’est son histoire
Non, elle est trop jeune,
Si, elle fait philo et sciences humaines.
Petite sœur grandie, que choisis-tu ?
– en toute liberté, bien sûr.
Mais les parents ont écrasé
le libre arbitre de petite sœur.
Seule question pour elle :
faire plaisir
à maman
ou à papa.
Sagement,
Petite sœur coupe
la poire en deux.
Elle verra témoigner sa mère
mais depuis Nice,
salle de retransmission.
Petite sœur écoute sa maman
parler
à la Cour
du pourquoi
du comment
de cet au revoir
jamais dit à grande sœur.
Et colère s’en va.
Colère partie.
Petite sœur est réparée.
Tout au moins,
de cet au revoir jamais dit.
(Comme quoi papa
ne dit pas
que des conneries.)
Comme cela a été dit par les quelques courageux qui ont commenté les chroniques précédentes, il est difficile de trouver les mots après les tiens… mais merci pour ces chroniques si percutantes, dont les mots blessent et apaisent à la fois, emportant des bribes de ce chaos au-delà de l’enceinte du tribunal.