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  • Photo du rédacteurThierry Vimal

DÉFENSE

Dernière mise à jour : 10 janv.

L’idée

devait coller

au timing

du finish

du procès.


J’écrivais sur la DÉFENSE,

alors on me haïssait,

deux jours plus tard,

j’écrivais sur le verdict

et :

soit

l’on me haïssait de plus belle

soit

on me re-aimait.

Qu’importe :

juste après,

ça s’arrêtait.


Tout cela

par terre

du fait d’une clé

perdue dans un Uber.


Éviter une fin

en eau de boudin ?

Pfff

– même plus de procès

où se perdre.

Même plus indifférent

à la qualité

de la chronique du jour.


Verdict : tombé.

Résumé ?

La défense a perdu.


NOUS avons gagné.


Dès lors

je devrais sentir

encore moins d’entraves

pour exprimer

ma gratitude

mon admiration

à l’égard de la défense.

Mais non.

Mon camp

comprendrait encore moins

car

dit la loi des Hommes

The winner takes it all.



J’ai aimé

les avocats de la défense.

Je les ai trouvés bons

à 80 pour-cent

– autant que j’ai trouvé

ceux de notre camp

à 80 pour-cent

mauvais

(pour ce que vaut

mon profane avis

de partie civile)

C’est drôle,

deux vinrent s’excuser

d’une plaidoirie pas à la hauteur

tous deux faisaient partie

de mes 20 % de bons.


L’arrogance aurait-elle joué

un rôle central

dans le naufrage

de la grande barque

des ghost-ghoster’s

tribord ?)


Qué naufrage ?

Le diable sur toi, Vimal.

Les tiens gagnèrent

de manière éclatante.


Si une victime avait le pouvoir

d’en détester d’autres

alors je détesterais

toutes celles

qui haïssent la défense.

Putain

de grandes et sales gueules

déformées de colère

si fort ouvertes

pour brailler une banalité

de la plus primaire espèce…


Ok, ok !

Sœur, frère partie civile

tu as souffert l’horreur.

Tu ne veux plus jamais.

C’est pourquoi tu clames

ta préférence

envers une juste et vengeresse

charia

plutôt qu’en notre digne démocratie

poltronne

au point de consentir une défense aux accusés,

faible

au point de chauffer et nourrir ses rebuts

au lieu de les décapiter.


Une défense

consentie aux accusés.

Comment avons-nous fait

pour atteindre tel niveau

de noblesse

de sens de la justice ?

Dieu

que c'est précaire.

Ça ne pourra durer

plus que quelques siècles.

Les gens n'en veulent pas.

Les temps sombres frappent à nos portes.


A-t-on vu

des représentants de la défense

à Nice Acropolis ?

Et le barreau de Nice,

était-il représenté

à main droite du Président ?

Je pose ces deux questions

auxquelles personnes ne répond.


Avocats de la défense

je vous ai aimés

souvent trouvés brillants

et j’ai toute légitimité pour.


Votre existence

votre travail

honorent ma défunte

et moi-même,

et tous les autres défunts

et les autres parties civiles.


Vous vous moquez

que certains vous crachent au visage :

quel vétérinaire

attend un câlin

de l’ours sauvage

qu’après avoir capturé charcuté

soigné sauvé

il restitue à la forêt ?

Devoir accompli

il se protège de ses griffes

et

le regarde s’en retourner

à sa naturelle destinée.


Je voudrais vous dire

tout mon respect

avocats de la défense

qui endossez une si grosse part

de la non sauvagerie

de notre dispositif de Justice.


Vous n’êtes pas moins épris

de justice

que notre camp.


Sachez que

souvent

du fait que vous étiez

seuls contre le reste du monde,

voire,

victimes du reste du monde

et si pugnaces nonobstant,

si peu blasés d’allure

je me sentis par essence

plus proches de vous

que des autres

les bien assis.


Nous étions bien quelques-uns

qui

au-delà de la question

des condamnations

souhaitions d’abord comprendre

au plus près

ce qui s’était passé

vraiment.


Dans vos rangs

aucun héroïsme

à faire valoir.

Mission ingrate.

Combien gagnez-vous ?



Je ne peux parler de vous tous

Tant pis

pour le drôle de sac

en forme de bouillotte

Tant pis

pour qui combinait virtuose

l’ensemble des techniques

universitaires

de majorette du stylo

argenté.


Ces plaidoiries étant si loin

mes notes n'étant

plus que notes

voici quelques

polaroïds.


Maître Hazan

« Quand le coupable est absent,

gare aux visages de substitution. »

Il vaut mieux

dans la vie

prendre garde

à cette manie de substituer

les visages.

Ça commence

à table en famille

J’aurais aimé

nous le rappeler avant Noël.

Est-ce que pousser à bout

un gardé à vue

jusqu’à ce qu’il se tape

la tête contre les murs

fera de lui jaillir

davantage de vérité ?

"Pauvre Leda.

À la chute de l’URSS,

elle se réfugie en Allemagne,

elle part,

elle fait un enfant

femme battue.

Elle se prostitue

à Metz et à Nice.

Ne lui faites pas l’affront

de lui dire

que ce fut un choix."

La décision de la cour

est aussi un message

pour les accusés.


Maître Jacquin

est contente d’être là.

Personne

jamais

n’avait à ce point souri

en commençant sa plaidoirie.

Des tonnes de dossier devant elle,

post it multicolores

aucun conducteur.

Sauf peut-être sa main

qui grimpe et descend dans son dos

et s’ouvre et se referme

sur le fond noir de sa robe.

Étrangement désolidarisée

elle lui envoie des signaux complexes

pour la guider dans son exposé.


L’association de malfaiteurs

est-elle

n’est-elle pas

terroriste ?

La radicalisation de MLB

était-elle visible

quand elle n’est même pas

établie ?


« Et ces jeux de rôle un peu…

Un peu…

Enfin…

Enfin chacun fait ce qu’il veut ».

Merci Maître Jacquin

de votre tolérance.

Certains de vos confrères et sœurs

et même parties civiles

et magistrats

font

figurez-vous

des trucs un peu dégueu bizarres.

Merci de nous avoir fait savoir

que vous

jamais.


Comme c’est gonflé

de parler de la souffrance

de Ramzi-le-Cash.

Mais vous êtes là pour ça.

Un innocent en prison

si peiné soit-il

par la douleur des victimes,

en quoi la sienne

serait illégitime ?


D’un innocent

il n’a pas le profil.

Vous le comparâtes

au Petit frère d’I AM

ébloui par la réussite

de ses deux aînés.

Ça pourrait en avoir l’air.

À moins que Ramzi

des Dalton

ne soit Joe.


J’aurais voulu vous applaudir

Maître Jacquin

mais si l’on doit se faire lyncher

que ce soit dans un endroit

plus glorieux

que le palais Acropolis.


Sans votre final

ce proverbe en russe

je serais

en mon for intérieur mâle

resté parfaitement déconstruit.


Maître Brengarth nous rappelle

à nous et au Président

le principe

de la présomptionnocence.

Quand il ose prononcer

acquitter

et

Ghraieb

dans la même phrase

la salle Acropolis

s’insurge

lance des projectiles

sur les écrans.

Elle désirait entendre :

« mon client est un sale type

un menteur

un fabriquant de terroristes

un trafiquant d’armes et de filles

j’attends que vous me le fassiez plonger,

Mesdames et Monsieur de la cour !

À perpétuité ! »


Les fameuses vidéos

du 15 juillet au matin ?

Oualid Ghraieb parade !

Trop cool

ce truc de malade qu'a fait son pote

non mais waow !

Et trop cool

lui

d'aller comme ça fanfaronner

l'air de rien

sur le bord de mer.

Ça c'est du couillu.

Certes

ils sont des centaines

en France

à s’être réjouis

de notre attentat.

Plein Nice.

On ne peut pas les mettre

tous en prison.

Certes non.

Mais foutons-y Ghraieb

le plus longtemps possible.



Il pourrait devenir indécent

à la longue

de louanger la partie adverse

surtout après avoir

tout de même pas mal

vilipendé la sienne.


Donc

soyons fair

farcissons-nous

un de la Défense.

Surexcité

gesticulant

Maître Bourdon

salue au passage son mentor

sans qui

il ne serait pas devenu

le sublime avocat

qu’il est aujourd’hui

aux yeux de tous

sur la terre comme au ciel.


François Cluzet

mal imité

par Pierre Arditi

dit des choses comme

S’opposer au trébuchet de sa conscience.

Vaporeux-réversibles-et-discutables.

Monsieur Ghraieb

ne doit pas devenir

le petit commis voyageur

du mal absolu.


Il pourfend l’indivisibilité du parquet

en le genrant.

On attaque Monsieur le Proc

on se retrouve dans

« l’émotion

extrême

au sens le plus

PASCALIEN ! »


Souvent il se retourne

à la vitesse de l’éclair

vers son client

pour le prendre à témoin.

Et Ghraieb sursaute !

C’est qu’il se fait engueuler,

Oualid,

d’être si innocent,

si injustement accusé.


Et tous ces innocents alors ?

Emprisonnés

exécutés

depuis la nuit

des temps judiciaires

pour ces motifs

Vaporeux-réversibles-et-discutables

!

(Président

premier assesseur

têtes penchées

joues posées sur paumes de main

en miroir l’un de l’autre

accablés.)


Et ces expertises psychiatriques

alors ?

Pas les meilleurs

qu’il ait vues de sa life.

Oualid a tout de même

monté son entreprise de PVC

(Prestation de voitures à chauffeur ?)

comme en atteste

la cote 11.5

schlass deux.


Alors oui

bien sûr

accuser Ghraieb

c’est facile

« avec sa femme

un peu chamanique

et son foutu caractère

qui nous laisse deviner

une virilité

nauséeuse

dégueulasse

ruisselante.

Un peu comme la mienne

M. le président

siou voulez. »



Ongles noirs

de bassiste gothique

Le raffiné showman

Maître Jacquemin

des fois que les gens

tous

de toutes parties

oublient combien il est

pas commode

souvent se lève

marche dans la salle

lentement.

Préférence

aux moments

où elle est le plus recueillie.

Bien remettre tout le monde

au parfum :

on lâchera pas le morceau comme ça.


Début de sa plaidoirie :

arh !

plus de son

à Acropolis.

C'est rétabli

au moment où Maître

gifle son pupitre.

Il pointe les erreurs

du menuisier :

Le Parquet voit

dans les yeux

qui dépose à la barre.

Pas lui.

La forme de la salle

temple de parole

pourrait-elle exprimer

une longueur de vue

plutôt qu’une étroitesse ?


Quelqu'un dans la salle

me demande un fusil

pour l’abattre.

Abattre Jacquemin ?

Il est mon ami.

(Mais je n’irai pas lui parler.

Il me fait trop peur.)

Abattre le premier

qui enfin demande

pourquoi

nous ne valions pas la peine

que l'on répare

la grande horloge murale

de V13 ?

Pourquoi l'on refuse

l’accès au temps

aux protagonistes de Prom14 ?


Pour Jacquemin

Chafroud.

n’est pas radicalisé.

Pas d’éléments formels.

Certes.

Mais merde alors.

Il va faire acquitter Chafroud

que je croiserai

rue de la République

montant au Gaulois

prendre du bon temps

et il me reconnaîtra

et j’aurai peur.


Jacquemin se retourne

vers les avocats de partie civile

pour réclamer le silence.

Appuyé par Raviot.

J'aime ce moment-là.

Et aussi quand il déclare

que le propre de l'autorité judiciaire

c'est de prendre son temps.

Nous nous nourrissons

d’informations pas mûres

nous ne prenons pas le temps

de les mâcher

et c’est pourquoi nos commentaires

sont de la diarrhée.


MLB n’est pas très halal.

Pas radicalisé :

une évidence dans le dossier.

Alors oui c'est vrai

en SMS

sur Facebook

ça nique tout

la France

la place Massena

tout.


Il vaut mieux suivre le bon chemin

en boitant

que bien marcher

sur le mauvais

conclut Jacquemin

citant Saint-Augustin.


À nouveau

impossible d’applaudir.

Les gens n’applaudissent pas

la qualité

la détermination

mais seulement

ce qui met quelque chose

dans leur assiette.



Puisqu’il fut démontré

que le ridicule

porté aux oreilles

ne tue pas

Maître Arnoux a paré les siennes

de tranches de pastèque.

(Hommage à un maraîcher guetteur

planqué derrière sa brouette de melons

et ses Ray Ban

tout droit sorti

d'OSS 117

épisode IV

Razzia sur la socca.)


On nous a dit 91 fois

combien Chafroud était coupable ?

Nous souffrirons bien

d’entendre une seconde fois

combien il est innocent

dit Maître Arnoux.


« Madame l’avocate général,

vous dites avoir choisi le parquet

par idéal de justice,

et nous

vous croyez qu’on a fait quoi ? »


« La folie de MLB

n’est pas la clé de voûte

de ce dossier. »

Ah !

Je croyais être le seul

de cet avis.


Alors oui, bon,

son client,

Chafrdoud,

veut accrocher des gens par la chatte

égorger des organisations

par le cul

tendre sur les murs

la peau de ses couilles

mais c’est le langage de la rue

M. le Président !

Il n’a connu que ça

Chokri Chafroud !


Les gens quittent la salle.

Ils ne veulent pas voir

Maître Arnoux.

Pas entendre ses arguments.

Ils n’ont pas eu assez

d’incarnations.

Ils ne sont pas mûrs

pour le principe de justice.


Maître Arnoux

à ses frais

allait à Poitiers

voir Chokri en détention.

Peur qu'il ne lâche.

Il fallait qu'il tienne bon.

"Faut l’acquitter

putain

y a rien

contre lui

rien de rien."


Jacquemin et Arnoux

m'ont fait douter.

Très fort.

Chafroud au courant ?

Coupable ?

Et puis...

est-ce que c’est arrivé

vraiment

ce gars qui fonce dans la foule

après le feu d’artifice

du 14 juillet

auquel j’ai assisté depuis l’arrière-pays ?


Un gars rentre sur la Prom

comme ça

en camion

et fait 86 morts ?

Impossible.

Illusion.

Qui ça, une fille tuée

dans cette histoire ?

Moi ?

Vraiment ?

Amie ?

Allons donc.

Amie 12 ans tuée dans l’attentat de Nice

ça me dit bien quelque chose

pourtant.

Mais c’était pas en vrai.

Je ne crois pas.

Le doute doit me bénéficier.

D’ailleurs,

ai-je vraiment eu

cette enfant ?

Une femme laisse en elle

germer ma semence

et naît Amie ?

C'était pas en vrai.

Juste un vieux vieux rêve

dont il me reste des bribes.

Moi père ?

D'une autre fille, aussi ?

Une ado, chez moi ?

Celle juste en face de moi,

là,

dont les genoux repliés

dépassent sur la table

(oui tiens : une grande table familiale

juste là sous mon ordi)

Cette belle plante brune

au cheveu rebelle

qui boit du café dans son mug

regard vissé sur un smartphone...

Ma fille ?

Une morte, une vivante,

dézinguer toute femme

approchant à dix mètres...

Et j’aurais vécu après cela,

Ô Maître Arnoux

Ô rangs de la défense ?

Vous avez raison

c’est très

très peu probable.

Irréaliste.

Nos arguments de parties civiles

ne tiennent pas.

Énormissimes.

Je vous présente

toutes nos excuses.



Être malmené par la défense

en tant que partie civile

m’est agréable.

C’est une tout autre expérience

que d’être badigeonné de miel

– et autres manières

d’être pris

pour un con –

par les parties amies.


Merci à vous,

Défense,

pour votre acte

qui nous oblige à la dignité.


Cette dignité qui nous est

à longueur de journées

prêtée

supposée

imposée

infligée

encensée

mais jamais

demandée

jamais

sollicitée.


C’est la défense

et aucune autre partie

qui me mit

vraiment

au défi de la dignité.


Hormis certains amis

spirituels

c’est la première fois

qu’on me regarda

aussi franchement

dans les yeux.

On n’était pas là

pour me ménager.


L’œuvre de la défense

m’attaqua

m’interpela

sur la noblesse

l’authenticité

de mes ressentis

de mon attente.


On en appelait à

mon honnêteté

ma droiture

mon courage :

« Bordel de merde

Monsieur Vimal

père endeuillé

ou non

si mon client est innocent

vous devez

avec moi

réclamer son acquittement. »


"Seras-tu juste

ou injuste

Ô mon Papounet ?

Quelle que soit

oui

l’injustice qui te fut faite

et me fut faite."


La Señorita voulait être

journaliste ou avocate.

Je l’aurais bien vue

à la Défense

debout pour l’humanité

contre la barbarie.


J’aime à penser

que si Momo Sale-man Bouhlel

avait été dans le box

j’aurais eu les mêmes sentiments

nobles et respectueux

pour ses défenseurs.

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